Légendes amazighs des Aurès
🔅 La légende de Ɛalla Ou six Franc
La légende immortalise une histoire d'amour du pays Chaoui.![]() |
Peinture N.Zakara |
Un jour, alors qu'il menait paître les troupeaux près d'une source au cœur des montagnes, il rencontra l'une des beautés de la région, venue abreuver ses animaux. Ce fut un coup de foudre immédiat. Les deux jeunes gens se retrouvèrent à plusieurs reprises à ce lieu, que l'on finit par appeler "la fontaine de l'amour". Ce sanctuaire devint leur refuge secret, où ils partageaient leurs rêves et leurs espoirs.
Au fil des jours, leurs rencontres répétées attisèrent en eux le désir de vivre ensemble. Car, comme le dit si bien la sagesse populaire, les rendez-vous à la fontaine ne suffisent pas à étancher la soif des amoureux. Le jeune homme décida donc de demander officiellement la main de la jeune fille à son père. Mais ce dernier, l'un des hommes les plus riches, cupides et arrogants de la région, refusa catégoriquement. Non seulement il rejeta la demande, mais il insulta le jeune homme en le traitant de "domestique de son oncle", ce qui provoqua la colère de ce dernier.
L'homme riche, furieux de la réaction du jeune homme, tenta de le frapper. Mais le jeune homme, défendant son honneur, riposta. C'est ainsi que débuta la tragédie des deux amants...
Le jeune homme confia l'incident à sa mère, qui, redoutant les représailles du riche arrogant, supplia son fils de fuir le plus loin possible. "Partez vite, mon enfant, car cet homme est capable de se venger cruellement", lui dit-elle. Écoutant les conseils maternels, le jeune homme prit la décision de s'enfuir sans laisser de traces ni donner de nouvelles.
De son côté, la jeune fille attendit désespérément son bien-aimé à la fontaine, jour après jour, mois après mois. Mais aucune nouvelle ne lui parvint. Consumée par un mélange de sentiments – amour, tristesse, confusion – elle ne trouva aucun soulagement à sa douleur profonde sinon dans le chant. Alors, elle chanta pour son bien-aimé, maudissant la richesse, la pauvreté et la société qui les séparait. Elle alla même jusqu'à parler aux oiseaux, seuls compagnons de sa solitude.
Ô six francs, que vaux-tu, petit sou ?
Pourtant, les frères pour toi s'entre-tuent.
Ô Laɛla, mon amour, où es-tu ?
Ô oiseau, toi l'ami,
Ta voix est sublime.
Tu es mon seul guide.
Si tu es un frère,
Ramène-moi des nouvelles
De mon bien-aimé, Leɛla !
Cette chanson, issue du patrimoine populaire Chaoui, a été reprise par de nombreux artistes, perpétuant ainsi la mémoire de cette légende d'amour tragique.
Y.Y
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